Clinique vétérinaire recherche vétérinaire pour commencer dès que possible...
Les difficultés de recrutement dans les établissements de soins vétérinaires sont sources d'inquiétude et d'interrogations. Des solutions existent pour mieux chercher et trouver ses futurs talents.
Bienvenue dans cette 11ème édition de Vet&All, la newsletter dédiée à la gestion de structures vétérinaires. Nous vous proposons ce mois-ci d’aborder le thème du recrutement vétérinaire dans les établissements de soins vétérinaires. Il s’agit d’une problématique touchant nombre de vétérinaires que ce soit côté employeur et côté demandeur. Depuis de nombreuses années, nous savons combien il peut être difficile d’attirer et recruter un vétérinaire dans sa structure. Au fil des ans, ce marché de l’emploi s’est transformé, tant sur les profils et attentes des vétérinaires employeurs et de celles et ceux en recherche de poste, que sur les outils d’offres et recherches d’emploi. Nous envisagerons dans cette newsletter des pistes de réflexion sur l’emploi vétérinaire, et un échange avec Romain Nemoz, DMV (ENVT 06) et Céline Sanchez, fondateurs de 🦐 “ CReVet' Recrutement ”, une nouvelle solution de recrutement vétérinaire.
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⏳ Temps de lecture: 18 minutes
Les dernières nouvelles
🇫🇷⚖️🐕 Un protocole signé fin 2024 renforce la lutte contre la maltraitance animale à Toulouse, en associant le PEMA (Pôle Environnement et Maltraitance Animale) du Parquet général de Toulouse, l’ENVT et le CROV Occitanie pour une meilleure expertise vétérinaire dans le cadre judiciaire et des formations communes. Les vétérinaires formés seront déployés territorialement pour des interventions rapides, avec l'ENVT fournissant un support pour les cas complexes. Les premières assises régionales sont prévues le 17 mars 2025.
🇫🇷🤖🐶 En février 2025, Paris a accueilli le Sommet pour l’action sur l'IA, nous permettant de rappeler combien l'IA révolutionne aussi la médecine vétérinaire. Des solutions innovantes utilisant l’IA voient le jour pour aider et augmenter les possibilités des vétérinaires, que ce soit en analyse d’images (radiologiques, biologiques), aide au diagnostic et au triage, reconnaissance vocale pour rédaction de comptes rendus de consultations, outils connectés avec analyse des données par IA (stéthos, colliers connectés), etc. Cocorico, la France innove avec des solutions comme PicoxIA, Bimod Vet de Cardiags, HVC Premium, Vetocheck, ZAG, Hex-Data, Spotivet, etc.
🇪🇺📖🐶 La Déclaration Européenne des Droits de l'Animal (DEDA), proclamée le 17 février 2025, marque une avancée majeure pour la cause animale. Ce texte fondamental reconnaît la sensibilité des animaux et leurs droits fondamentaux, tels que le droit à la vie et le droit de ne pas subir de mauvais traitements. La DEDA devrait être prochainement présentée au Parlement Européen.
🇫🇷💉👩🏼⚕️👨🏻⚕️ Arlésienne Loi d’Orientation Agricole et délégation des actes aux ASV suite: Sénat et Assemblée Nationale ont adopté ce mois de février 2025 la loi qui autorise les ASV à réaliser certains actes vétérinaires sous la responsabilité d’un vétérinaire, à condition d’être salarié(e)s dans un établissement de soins vétérinaires et d’obtenir une certification après une formation complémentaire. Cette délégation, encadrée par des arrêtés précisant les actes permis, renforce leur rôle. Un décret et des dispositions transitoires pour les ASV existant(e)s sont attendus pour sa mise en œuvre.
🤗🐶🐱🙏 D’après les résultats intermédiaires de l’enquête actuellement menée par PawLoVet, organisme de formation ayant pour objectif de favoriser la diffusion de pratiques permettant la réduction du stress de l’animal durant son parcours de soin vétérinaire, 80% des salariés d’établissement de soins vétérinaires (ESV) seraient prêts à quitter leur structure en cas de mauvaise prise en charge du bien-être animal (BEA) pendant les soins, et 65% des salariés considèrent qu’une certification de l’ESV concernant le BEA est un critère de sélection lors du recrutement.
🌍🦍👩🏻🔬 Le Jane Goodall Institute France, ONG internationale de conservation, lance un appel à candidature pour le Prix du Jeune Chercheur 2025 sur la relation homme - animal, ouvert à tous les chercheurs, français ou internationaux, pour un soutien financier et une visibilité accrue.
« En fait, vue la conjoncture en matière de recrutement, on propose ce que toi tu veux [...] tout est possible », ce sont les mots d’un recruteur vétérinaire recueillis par notre consoeur Aurélie Cantié dans sa thèse vétérinaire “Étude des attentes des candidats vétérinaires salariés ou collaborateurs libéraux et comparaison avec les recruteurs”.
Combien de fois ai-je pu rencontrer des difficultés quand j’étais associé, à recruter des vétérinaires dans ma structure… Combien de temps vais-je mettre pour trouver et attirer un bon profil, un bon candidat pour renforcer mon équipe, remplacer mon vétérinaire salarié qui s’en va, me remplacer pendant mes vacances…? Je ne suis hélas pas un cas isolé. Combien de fois ce type de question se pose aux vétérinaires recruteurs…. Combien de fois cette question ne trouve pas de réponse ? Le recrutement en cliniques vétérinaires devient de plus en plus compliqué.
Alors que l’activité vétérinaire (notamment celle pour animaux de compagnie) est en forte croissance, recruter reste un défi majeur. Analysons ces tensions, réfléchissons aux solutions concrètes pour employeurs et candidats, et explorons une possible inversion d’ici 2030 : trop de vétérinaires pour trop peu de postes ?
Le constat : des difficultés structurelles de recrutement vétérinaire
Les chiffres
En étudiant l’Atlas démographique de la profession vétérinaire 2024, au 31 décembre 2024, 21 494 vétérinaires étaient inscrits au tableau de l’Ordre vétérinaire, avec une hausse d’environ 14 % en 5 ans. Pourtant, seuls 57,7 % exercent en libéral en clinique ou cabinet, tandis que la population des salariés du secteur libéral progresse fortement (+31,2 %) sur les 5 dernières années, passant de 32,5 % des inscrits à 39 %. Une enquête de 2022 du SNVEL révèle que 75 % des employeurs ont cherché à recruter, mais seuls 40 % ont réussi, 53 % restant en sous-effectif. Déjà en 2022, la Dépêche Vétérinaire relatait concernant la période 2017-2021 un déficit cumulé estimé de 2 700 vétérinaires entrants face à une croissance du marché de 7,7 % par an.
Une problématique quasi universelle
Ces tensions touchent presque toutes les structures et zones géographiques. Les annonces non pourvues s’éternisent, des cliniques indépendantes aux groupes corporates, en ville comme en zones rurales. Selon Marine Slove, Temavet (Vetojob), alors que les offres ont grimpé d’environ 40 % en 2021, les CV de candidats ont reculé de presque 20 %.
Des nuances selon les contextes
Type d’activité : L’activité animaux de compagnie domine, et la tendance est à la croissance (+4 millions de chats en 10 ans selon la FACCO). À l’inverse, l’activité animaux de production chute de presque 20 % en 5 ans. Les cliniques rurales peinent à remplacer les départs, tandis que les cliniques canines peuvent crouler sous les candidatures, surtout celles en zones urbaines.
Zone géographique : Nouvelle-Aquitaine et Occitanie attirent grâce à leur qualité de vie, concentrant presque 20 % des nouveaux inscrits. Le centre de la France reste déserté : certaines de ces cliniques peuvent attendre plus de 6 à 9 mois pour trouver un remplaçant. Les cliniques situées dans ou près d’une métropole, ou sur un littoral, ont moins de difficultés à recruter que celles situées en zone rurale, éloignées d’une métropole.
Taille de la clinique : Si environ 35 % des structures n’ont qu’un vétérinaire (en baisse), contre 25 % avec plus de 5 vétérinaires, ces dernières trouvent plus facilement un candidat. Les établissements composés de plusieurs vétérinaires attirent davantage les candidats. Néanmoins, cette donnée est vraie pour les petites et moyennes structures, car dès lors que la clinique est considérée comme trop grosse (supérieure à 8 ETP) l’attractivité diminue, d’après une étude VetFuturs.
Structure vétérinaire : Les groupes corporates (ex. IVC Evidensia), dont la consolidation est récente en France, captent presque 25% des effectifs selon une étude Xerfi de 2023. Certaines cliniques indépendantes peuvent se trouver en difficulté de recrutement face aux corporates. Néanmoins ce phénomène est relativement récent, et il faudra plus de recul pour pouvoir dire si le fait que l’établissement soit indépendant ou affilié à un groupe joue sur le choix des candidats. Certaines structures indépendantes comme VPLUS ont développé avec ingéniosité des solutions comme le programme post-école VPLUS Académie pour capter les jeunes diplômés.
Gardes et astreintes : 30 % des moins de 30 ans ne veulent que peu voire pas de gardes. Ainsi une clinique sans gardes aura plus de candidatures qu’une structure avec astreintes fréquentes.
D’où viennent ces difficultés de recrutement ?
Une demande qui explose face à une offre limitée
Le marché des soins vétérinaires est en pleine croissance, notamment depuis les cinq dernières années, porté par celui des animaux de compagnie (16,6 millions de chats et 9,9 millions de chiens en 2024 d’après les chiffres de la FACCO). Mais seuls 700-800 vétérinaires sont diplômés par an en France, loin des 8-12 % de croissance annuelle du marché des animaux de compagnie d’après Interfimo, liée à l’augmentation du nombre d'animaux domestiques (un foyer sur deux possède au moins un animal de compagnie), à la médicalisation croissante des animaux et au statut de l’animal changeant dans la société (sensibilité au bien-être animal, animal considéré comme membre de la famille). Même si de plus en plus de jeunes diplômés se sont formés à l’étranger (Belgique, Espagne, Roumanie), l’arrivée de ces jeunes diplômés en France ne compensent pas totalement cette demande de soins qui explose.
Une profession en mutation démographique
D’après l’Atlas démographique de la profession vétérinaire 2024, la profession est féminisée à presque 60 %, et 76 % des primo-inscrits en 2023 sont des femmes. De plus, 35 % des salariés choisissent le temps partiel. Par ailleurs, la profession perd des praticiens : on compte 628 sortants annuels en moyenne par an au cours des 5 dernières années. La moitié des femmes vétérinaires quittant la profession ont moins de 40 ans. Ces données, confrontées au départ à la retraite des vétérinaires qui étaient plus souvent des hommes travaillant à temps plein, permettent également de comprendre certaines causes du déficit de vétérinaires.
Des attentes générationnelles divergentes
Les jeunes générations de vétérinaires vivent avec leur temps, et aspirent à un meilleur équilibre vie professionnelle - vie personnelle (familiale, loisirs, etc). Ainsi la génération Z (née entre 1995 et 2010) aspire davantage au temps partiel et/ou à un travail hebdomadaire plus cadré (35-50h) et désire des week-ends libres (88 % des étudiants, d’après une enquête VetFuturs). Presque un tiers des jeunes générations de vétérinaires exercerait à temps partiel, ce décalage pouvant parfois amener incompréhension et frustration des recruteurs des générations précédentes.
Des reconversions précoces et fréquentes
Environ 30 % des vétérinaires quittant la profession ont moins de 40 ans, même si la moitié de ces sortants restent dans le secteur vétérinaire (pharma, nutrition, etc). Les origines de ces reconversions sont multiples (gardes, stress, conflit vie pro/vie perso, perte de sens, relations avec les clients ou avec les équipes, etc), d’après une enquête Vétos-Entraide.
Une attractivité inégale des territoires et structures
Alors que 30 % des vétérinaires ruraux envisagent un départ, les zones rurales peinent à attirer. Les candidats sont plus attirés par des structures canines, urbaines ou périrurbaines, proches d’une métropole. De même le littoral, voire la montagne, attirent plus que la campagne, notamment au centre de la France. Les établissements composés de plusieurs vétérinaires attirent davantage les candidats. Néanmoins, comme évoqué précédemment, cette donnée est vraie pour les petites et moyennes structures, car dès lors que la clinique est considérée comme trop grosse (supérieure à 8 ETP) l’attractivité diminue, d’après une étude VetFuturs.
Quelles solutions ? Comment remédier à ce problème ?
Au niveau des cliniques : des leviers pragmatiques
Forger une marque employeur attractive : Une bonne réputation avec site internet moderne, posts réseaux sociaux (Facebook, Instagram, Linkedin), voire même la note Google de la clinique, attirent de plus en plus les jeunes vétérinaires. Bien sûr il est conseillé de faire connaître ses valeurs et spécificités (ex bien-être animal comme priorité de sa structure (ex prise en charge de la douleur), démarche environnementale et écoresponsable dans ses pratiques, etc). Il faut rester proactif dans son envie de recrutement, quitte à participer à des forums d’écoles vétérinaires françaises mais également européennes (Belgique, Espagne, Roumanie) et soigner l’intégration de sa recrue avec un livret d’accueil, un exemple donné par notre confrère Clément Jeannin dans sa thèse vétérinaire Le concept de marque employeur appliqué à l’entreprise vétérinaire.
Rédiger des offres qualitatives : Une annonce qui donne envie est une annonce précise (ex. préciser le salaire, les horaires, les missions) qui va booster les candidatures de 20 %. Il est conseillé de décrire la clinique, le poste et ses missions, le profil recherché, l’éventuelle flexibilité des horaires, ainsi que les valeurs véhiculées par la marque employeur. Illustrer l’annonce avec des photos de la clinique (équipe, équipement) et du lieu géographique devient de plus en plus fréquent pour attirer l’oeil du candidat, voire même faire appel à un professionnel pour créer une vidéo pour le recrutement (ex. Fanny Lesguillons Textoprod).
Diffuser stratégiquement : Il faut savoir diversifier ces canaux de publications, en publiant sur des sites spécialisés (TémaVet-Vetojob, CreVet’ (présentation et interview plus bas), Recrut Vet, wk vet Point Vétérinaire, Dépêche Vétérinaire, etc) ou appli spécialisées (Speed Veto) ou réseaux sociaux comme des groupes Facebook (We need you !!!), ou Linkedin, voire TikTok.
Le bouche-à- oreille via ses équipes, stagiaires vétérinaires et les écoles vétérinaires reste également une stratégie à ne pas négliger.
Valoriser les stagiaires comme futurs talents : Une clinique qui attire les stagiaires vétérinaires aura plus de chances de trouver des salariés vétérinaires. Ainsi il faut savoir accepter les stagiaires, et bien s’occuper d’eux ! Notamment en leur offrant considération, responsabilités et un accueil chaleureux. Il est possible de proposer des mini-contrats post-stage et également d’encourager leurs réseaux. Si votre stagiaire ne vient pas travailler chez vous, il a sûrement des amis de promo et pourra recommander votre clinique ! En rurale, jusqu’à 25 % des embauches rurales viennent de stagiaires. Ainsi, tutorat et mentorat sont de belles opportunités pour renforcer son équipe de talents.
Fidéliser pour éviter de recruter : Retenir ses talents amène à moins avoir à recruter ! Il faut ainsi savoir offrir formations (ex. échographie, chirurgie, etc) dans le but de diminuer le turnover, savoir être flexible au niveau du temps de travail et mieux accepter les temps partiels. De même, si la rémunération est bien sûre importante pour le salarié, il faudra veiller à sa considération et à l’ambiance collaborative au sein de l’équipe, éventuellement mettre en place un système de mentoring au sein de la structure pour accompagner au mieux chacun des membres de l’équipe.
À l’échelle de la profession : anticiper et innover
Renforcer la formation et l’offre : L’objectif du Ministère de l’Agriculture de 840 diplômés/an d’ici 2030, sera accompli grâce à l’augmentation des places dans les 4 ENV et l’agrément de l’école vétérinaire UniLaSalle de Rouen. Le nombre de vétérinaires formés en France aura augmenté de 75% entre 2017 et 2030. Cette augmentation est soutenue par 53 % de primo-inscrits venant de formation vétérinaire étrangère en 2023 (l’Espagne forme déjà 16,5 % des vétérinaires primo-inscrits).
Réinventer les territoires ruraux : Des aides au logement et des primes de l’État pourraient attirer les vétérinaires en zones rurales. Des cliniques rurales ont pu recruter grâce à un loyer offert pendant 6 mois. De même, d’autres avantages en nature (ex. voiture) pourraient mieux fidéliser en zone rurale qu’en ville.
Soulager la pression par la mutualisation : Des cliniques réparties sur un même territoire qui partageraient leurs gardes pourraient réduire le turnover de leurs salariés et attirer plus de candidats. La profession doit soutenir la création des réseaux locaux pour répartir astreintes et congés, quitte à créer de nouveaux modèles (ex maison de garde).
Soutenir le bien-être des vétérinaires : Savoir prendre en considération, écouter les souffrances individuelles et collectives de la profession, dans le but d’apporter des solutions, pourrait limiter les reconversions, notamment chez les vétérinaires les plus jeunes.
Ainsi, le recrutement vétérinaire, secteur en tension, conjugue une demande galopante en talents vétérinaires, liée à la croissance importante de la demande de soins vétérinaires des animaux de compagnie, une féminisation marquée (60%), et des attentes nouvelles (équilibre vie pro/perso, temps partiel, peu/pas de gardes, etc). Des solutions existent pour les vétérinaires recruteurs et leur clinique (marque employeur, offre qualitative et bien diffusée, stagiaires, mentorat, tutorat, fidélisation et rétention de ses talents). Il n’y a pas une seule solution mais plusieurs, qu’il faudra savoir utiliser avec pertinence et en les multipliant jusqu’à trouver son ou ses futurs candidat(s).
Mais attention, peut-être sommes-nous en train d’arriver vers une nouvelle ère ? Avec 1 168 primo-inscrits en 2023 (dont 53,7 % venant de formation vétérinaire étrangère) contre environ 600 sortants, la balance positive du nombre de vétérinaires depuis plusieurs années s’installe. Et les tendances d’augmentation du nombre de futurs vétérinaires diplômés à l’étranger annoncent un surplus de vétérinaires d’ici 2030. Un rapport du CGAAER de décembre 2024 va dans ce sens, et prévoit un taux net excédentaire de 500 à 600 vétérinaires praticiens par an à l'horizon 2030, ce qui devra nous faire réfléchir à une future diversification des débouchés (le rapport propose les métiers de la recherche, la santé publique vétérinaire ou l'industrie (pharmaceutique ou agro-alimentaire)). Par conséquent il se pourrait qu’en 2030, les recruteurs trouvent plus facilement des candidats, alors que la concurrence serait plus accrue chez ces derniers ? Et ce serait alors aux vétérinaires en recherche d’emploi de savoir travailler leur recherche d’emploi ? Néanmoins, ces scénarios ne répondent pas à la question de savoir si les besoins seront comblés de façon homogène dans toutes les cliniques. Et l’hypothèse et la crainte que les structures vétérinaires d’activité rurale, localisées loin d’une métropole, avec des gardes et astreintes, aient toujours des difficultés de recrutement n’est pas écartée.
Entretien avec Romain Nemoz, DMV (ENVT 06) et Céline Sanchez, fondateurs de 🦐 “ CReVet' Recrutement ”, une nouvelle solution de recrutement vétérinaire.
CreVet’ Catalyseur de Recrutement Vétérinaire
Stéphane Cluseau, AnimAll : Bonjour Céline et Romain, avant toute chose, pouvez-vous vous présenter ?
Romain N. : Bonjour ! Je suis vétérinaire et associé dans la clinique vétérinaire de Jarlard à Albi. Comme beaucoup de confrères, je me suis retrouvé confronté aux défis du recrutement dans notre profession. À force d’expériences et de discussions avec des collègues, j’ai voulu réfléchir à une solution plus adaptée aux réalités du terrain.
Céline S.-N. : Bonjour ! De mon côté, je travaille depuis 19 ans dans les ressources humaines d’un grand groupe aéronautique. J’ai une vision opérationnelle et stratégique du recrutement, de la gestion des talents et des attentes des candidats. En échangeant quotidiennement avec Romain, nous avons réalisé qu’il y avait un vrai fossé entre les attentes des employeurs vétérinaires et celles des candidats. D’où l’idée de CReVet’ !
S.C. : CReVet’ c’est quoi en quelques mots ?
R.N. : C’est une plateforme de recrutement dédiée aux vétérinaires et aux ASV, conçue pour répondre aux besoins réels du terrain. L’objectif est de sortir du modèle classique des offres d’emploi en proposant un outil qui met en avant les valeurs, les conditions de travail et la vision managériale des cliniques.
C.S.-N. : CReVet’ permet aux employeurs de mieux communiquer sur leur structure et aux candidats de trouver un poste qui correspond à leurs attentes en termes d’environnement, d’éthique et de qualité de vie au travail. C’est un outil de mise en relation transparent et efficace.
S.C.: Qu’est-ce qui vous a amené à créer cette solution ?
R.N. : J’ai vu beaucoup de confrères rencontrer d’énormes difficultés à recruter malgré des conditions de travail intéressantes. J’en ai fait partie aussi. Le problème, ce n’est pas seulement le manque de candidats, mais surtout le manque de visibilité des structures qui ont de bonnes pratiques.
C.S.-N. : On est dans une époque où les candidats veulent plus qu’un salaire et un contrat : ils veulent du sens, de bonnes conditions, une équipe qui leur correspond. Mais aujourd’hui, aucune plateforme de recrutement ne permet aux employeurs de valoriser ces aspects. Résultat, les offres se ressemblent toutes, et les candidats n’ont aucun moyen de savoir ce qui leur conviendrait vraiment.
S.C.: Depuis assez longtemps, beaucoup de structures vétérinaires ont du mal à trouver des vétérinaires. Quelle est votre analyse sur ces difficultés ?
R.N. : Le métier a beaucoup évolué, et les attentes aussi. Les jeunes vétérinaires ne veulent plus forcément s’installer en libéral, et ils sont de plus en plus attentifs à l’équilibre vie pro / vie perso, aux valeurs de l’entreprise et aux conditions de travail. Beaucoup de cliniques n’ont pas encore adapté leur mode de fonctionnement à ces nouvelles réalités, ou alors elles ne savent pas comment le faire savoir.
C.S.-N. : Il y a aussi une asymétrie d’information. Les cliniques publient parfois des annonces un peu trop basiques alors que les candidats veulent des informations précises sur l’environnement de travail : organisation des gardes, matériel disponible, philosophie de travail, dynamique d’équipe… Sans ça, difficile de se projeter et de postuler en confiance.
S.C.: Y a-t-il des incompréhensions entre vétérinaires recruteurs et vétérinaires en recherche d’emploi ?
R.N. : Oui, et c’est un vrai problème. Certains recruteurs pensent que les jeunes vétérinaires ne veulent plus travailler, alors que le vrai sujet, c’est qu’ils cherchent des conditions en accord avec leurs attentes. De l’autre côté, les candidats peuvent avoir l’impression que les cliniques ne font pas d’effort pour améliorer les conditions de travail, alors que certaines en font déjà énormément mais ne savent pas comment le mettre en avant.
C.S.-N. : C’est exactement pour ça qu’on a créé CReVet’. Il faut un outil qui fasse le lien entre ces deux visions et qui permette aux recruteurs de montrer concrètement ce qu’ils proposent, au-delà du salaire et des horaires. La transparence est la clé pour éviter les frustrations et favoriser des recrutements durables.
S.C.: Comment voyez-vous l’avenir du recrutement vétérinaire à court et moyen terme ?
R.N. : Il faut s’attendre à une poursuite de la pénurie de candidats dans les années à venir. Mais cela veut aussi dire que les cliniques vont devoir se différencier et améliorer leur attractivité. Le recrutement ne pourra plus être un simple “postage d’annonce”, il faudra soigner la marque employeur, la communication, et l’expérience candidat. Nous nous interrogeons et nous préparons aussi par la même occasion à une éventuelle mutation du marché du travail vétérinaire. Nous avons tous vu cette étude qui évoque un probable excédent de candidats en 2030. CReVet’ sera là pour s’adapter à cette possible évolution.
C.S.-N. : Les entreprises qui réussiront seront celles qui auront compris que le recrutement ne se limite pas à proposer un CDI. Elles devront mettre en avant leurs valeurs, leur éthique, leur mode de management. Et les outils de recrutement devront évoluer pour intégrer ces nouveaux critères, ce que propose justement CReVet’.
S.C.: Merci Céline et Romain pour cet échange. Avant de conclure, avez-vous d’autres remarques sur la thématique à nous partager ?
R.N. : Il est urgent que le recrutement vétérinaire se modernise. Le monde du travail a évolué, mais notre manière de recruter dans le secteur vétérinaire est restée figée. CReVet’ veut apporter cette nouvelle approche, plus adaptée aux attentes des employeurs et des candidats.
C.S.-N. : On pense aussi que les recruteurs doivent être accompagnés pour mieux attirer et fidéliser leurs équipes. On ne s’improvise pas recruteur, et c’est normal ! C’est aussi pour ça qu’on veut que CReVet’ soit plus qu’une plateforme, mais un véritable outil d’aide au recrutement et un espace d’échange sur les bonnes pratiques.
Je suis Stéphane Cluseau, docteur vétérinaire mixte libéral, diplômé du Diplôme d’Ecole en Droit et Expertise Vétérinaire, vétérinaire expert en assurances et expert inscrit près la Cour d’appel de Toulouse. A l’écoute de l’actualité vétérinaire et passionné des enjeux de la santé animale, j’accompagne les entreprises vétérinaires et de santé animale en tant que consultant sur des aspects de stratégie, marketing, droit et règlementation, formation, et mise en oeuvre pratique. N’hésitez pas à me contacter pour discuter directement de votre projet ➡️ animall.life.contact@gmail.com.
AnimAll est un collectif de consultants passionnés par le vivant et les acteurs qui contribuent à son bien-être. Nous accompagnons de nombreuses cliniques, organisations, entreprises dans leur activité sur des sujets variés allant de la gestion de l’entreprise et sa stratégie, à sa démarche RSE, en passant par de la formation et des audits en tout genre.
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